Antiparasitaires : que choisir ?
Que ce soit de manière directe ou indirecte, il n’est plus à prouver que l’élevage extensif traditionnel de notre territoire favorise de nombreuses espèces végétales et animales (insectes, micromammifères, oiseaux,…).
Les traitements antiparasitaires sont importants pour les éleveurs afin de garantir la bonne santé de leurs animaux et ainsi limiter leur mortalité. Cependant, certains traitements utilisés couramment ont des impacts non négligeables sur la biodiversité prairiale, et ainsi sur la productivité à long terme des prairies.
Des impacts importants
En effet, certaines molécules insecticides administrées au bétail (par voie orale ou par application transcutanée) pour les protéger de leurs parasites internes et externes causent des impacts sur toute une faune non ciblée et pourtant très importante pour la prairie, et les troupeaux. En restant actives longtemps après le traitement dans les bouses, elles affectent la faune coprophage, ces insectes qui se nourrissent des excréments des vaches et permettent la dégradation de la matière organique nécessaire à la fertilisation du sol et donc à la productivité des prairies. Ces molécules ont également des impacts toxiques pour de nombreux organismes aquatiques, du fait du lessivage des prairies par les pluies. Sans compter leurs actions néfastes sur les abeilles, des pollinisateurs dont l'importance n'est plus à démontrer.
Sur le territoire français, avec l’utilisation importante de l’Ivermectine notamment, on observe la non dégradation des bouses dans les pâturages, des bouses qui s’accumulent et restent de 6 à 9 mois (au lieu de 2 mois maximum), avec les zones de refus et les risques sanitaires évidents que cela peut entraîner.
Zoom sur...l’Ivermectine
L’Ivermectine est la molécule la plus utilisée par les éleveurs en Europe et en France. Depuis 20 ans, de nombreuses études ont démontré ses impacts négatifs sur la faune non cible : mortalité des larves et adultes de coléoptères coprophages, mortalité des larves de diptères sur plusieurs semaines, mortalité des vers-de-terre, impacts indirects sur les espèces de toute la chaîne alimentaire (oiseaux, mammifères, chauve-souris…).
Peut on changer nos habitudes ?
Un constat est fait sur tout le territoire français :
> nous déparasitons trop
> nous ne ciblons pas assez.
Il est plus souvent facile de déparasiter l’ensemble du troupeau de façon systématique, avec des molécules à très large spectre comme l’Ivermectine. Mais ces traitements, en plus de leur impact sur la faune non ciblée, sont souvent très chers.
Pour éviter ces dépenses inutiles, certains vétérinaires sensibilisent les éleveurs à l’utilisation de produits plus ciblés et plus adaptés grâce à :
> une analyse des bouses du troupeaux, afin de connaître les parasites réellement présents ;
> la proposition de traitements ciblés en fonction des parasites trouvés.
Ces traitements sont ils tout aussi efficaces ?
Pour traiter contre les ectoparasites par exemple, des traitements comme Butox, Ectotrine ou Versatine sont, lorsqu’ils sont combinés, encore plus efficaces que l’Ivermectine qui n’agit pas sur tous les types de poux (uniquement les poux piqueurs).
Concernant la lutte d’endoparasites tels que les strongles, parasites bien connus de nos zones humides, les produits comme Panacur, Synanthic ou Iména auront la même efficacité que l’Ivermective, en restant largement moins chers.
Pour aller plus loin …
Le mode et la période d’administration des traitements peuvent aussi diminuer largement les impacts de ces anti-parasitaires sur le système prairial :
> privilégier les traitements d’août à février (en-dehors du pic d’activité maximal des insectes);
> privilégier un traitement automnal, à l’entrée dans les bâtiments plutôt qu’au départ à l’estive;
> garder quelques jours après le traitement les bêtes dans des petites surfaces, en essayant d’éviter le traitement de tout le troupeau en même temps.